Le 11 avril dernier, Apple est revenue sur les pratiques de sérialisation, bien connues de HOP. L’association les avait décriées alors qu’elles se généralisent, complexifiant et rendant moins accessibles les réparations. Alors, cette annonce, bonne ou mauvaise nouvelle pour les consommateur·ices ? La multinationale Apple est-elle pro-réparation ?
Des annonces prometteuses sur le papier
Déjà évoquée par HOP, la “sérialisation” des smartphones consiste à lier un appareil et ses composantes via des numéros de série et des verrous logiciels. Selon HOP, cette pratique peut permettre au fabricant de limiter les possibilités ou l’intérêt de réparer son iPhone, notamment auprès de réparateur·ices dits indépendant·es ou non-agréé·es, ou d’acquérir un iPhone reconditionné. En 2020, suite à une plainte déposée par HOP, le groupe avait dû payer 25 millions d’euros d’amende à la DGCCRF pour pratiques commerciales trompeuses par omission après des mises à jour défectueuses. En 2022, HOP a déposé une nouvelle plainte contre le groupe cette fois pour “sérialisation” qui pour HOP pourrait constituer une pratique commerciale trompeuse ou de l’obsolescence programmée latu senso.
Pour l’association HOP, les pratiques décriées profitent à Apple qui rend captif·ves les consommateur·ices.
John Ternus, vice-président de la marque à la pomme, a annoncé le 11 avril dernier vouloir “faciliter la réparation des iPhones par des prestataires” à partir de l’iPhone 15. Ainsi, les smartphones de la marque Apple pourraient être réparés avec des composants d’occasion issus notamment de sa propre filière recyclage.
Une révolution, vraiment ?
Tout d’abord, il y a lieu de se réjouir que les actions de HOP et d’autres — comme des législations pro-réparation et reconditionnement en France ou encore dans les états étasuniens de l’Oregon ou du Colorado — poussent le géant du numérique à se positionner en faveur d’une meilleure réparabilité et durabilité de ses équipements, du moins quant aux principes affichés.
Lequel admet au passage qu’il y avait certaines difficultés avec son modèle antérieur.
Est-ce que cela répond au problème de “sérialisation” visé par la dernière plainte déposée par HOP en décembre 2022 ?
C’est une autre question.
Un ver se cache-t-il dans la pomme ?
À supposer qu’”indépendant” fasse référence aux réparateurs hors réseau commercial d’Apple (et non pas simplement à l’Independent Repair Program des réparateurs agréés d’Apple), il s’agit a priori d’une bonne nouvelle pour tous·tes les réparateur·ices. C’est le cas en effet dès lors qu’ils pourront désormais non seulement acquérir les pièces auprès d’Apple (à supposer qu’elles soient accessibles en termes de disponibilité et de coût) mais aussi d’utiliser des pièces d’autres iPhones pour échanger des pièces entre appareils ou les prélever sur d’autres.
Il s’agit ici du scénario le plus favorable imaginé à partir des annonces du géant informatique, celui de la levée du verrou logiciel d’Apple et de son engagement envers une réparation accessible et ouverte.
Apple ayant été davantage connu pour favoriser des modèles fermés (quitte à broyer des iPhones fonctionnels), la prudence est de mise en attendant la mise en application concrète de ces annonces.
Au demeurant, le scénario serait davantage satisfaisant s’il concernait près des 1,3 Milliards d’iPhones déjà en circulation (en plus des 53 à 113 millions d’appareil stockés dans les tiroirs des Français en 2019). HOP regrette donc que ne soient concernés que les iPhones vendus à partir de septembre 2024 ; et invite Apple à élargir son scope.
HOP regrette également qu’Apple n’autorise toujours pas l’utilisation de pièces venant de fabricants tiers.
Le diable se loge dans les détails, et HOP souligne ces détails, dans l’espoir que, au-delà des effets d’annonces, nous avancions décidément et collectivement vers des modèles plus vertueux pour l’environnement et les consommateurs.