Collants : cas d’obsolescence programmée ?

L’association HOP publie un rapport d’enquête inédit sur l’obsolescence accélérée des collants. Elle dévoile le classement des meilleures et des pires marques. HOP appelle fabricants, vendeurs et consommateurs à agir afin d’obtenir des produits plus durables.

Vous connaissez peut-être cette frustration ? Vous venez d’acheter une paire de collants à 6€ et au bout de la deuxième utilisation, votre orteil pointe déjà le bout de son nez ! Alors vous allez en acheter un autre, puis un autre… Cette boucle infernale peut coûter très cher à votre porte-monnaie, mais aussi à la planète. Pourtant, à l’époque de nos grands-mères, ces bas se gardaient a priori pendant des années. N’est-on pas censés aller vers le progrès ? Quelles sont les marques les plus durables ? Peut-on parler d’obsolescence programmée ? C’est ce que HOP vous dévoile dans ce rapport d’enquête inédit.

Les collants : là où le « bas » blesse

HOP a analysé l’envers du décor de l’institution de l’élégance : pétrochimie, incinération, productivité… Rien de très glamour ! Ce travail est le fruit de plusieurs mois de recherche, d’une dizaine d’entretiens avec des experts du textile, des juristes, des journalistes, des fabricants et des chimistes, ainsi que de plus de 3000 retours consommateurs.

Dans 72% des cas, le collant ne dépasse pas 6 utilisations

Les résultats de l’enquête sont édifiants : la frustration est réelle et légitime face à  l’obsolescence accélérée des collants. Dans plus de 70% des cas, les collants ne durent pas plus de 6 utilisations, voire seulement 3 utilisations pour plus de 40% des répondant(e)s. Les client(e)s dépensent plus d’une centaine d’euros par an pour pouvoir porter des collants.

Un cas d’obsolescence programmée ?

Des intrants chimiques déterminent le niveau de résistance et la tenue de la coloration d’un collant. On peut donc légitimement dire que les fabricants peuvent jouer sur les additifs chimiques pour rendre un collant plus ou moins robuste, et ainsi programmer sa fin de vie.

C’est ce qu’affirment certains experts tels que Michael Braungart, chimiste allemand, qui évoque dans le documentaire Prêt-à-jeter (Arte) que la quantité d’agent de protection aurait été diminuée, rendant les fils de nylons plus sensibles aux rayons ultraviolets et à l’oxygène de l’air. Avec l’appui de nos experts chimistes, nous pouvons affirmer que de telles pratiques sont possibles.

Faute de lanceur d’alerte, nous ne pouvons pas dénoncer l’obsolescence programmée dans le cadre d’une procédure judiciaire, car nous ne connaissons pas les quantités et les compositions exactes des intrants chimiques utilisées par les fabricants, informations hautement confidentielles et protégées par le secret industriel.

Notre enquête révèle qu’il n’y a pas d’obsolescence esthétique : On subit l’obsolescence des collants, on ne la choisit pas. On se sépare de ses collants car ils sont hors d’usage, non pas parce qu’ils ne sont plus à la mode…

Les meilleures et les pires marques de collants

Nous n’avons pas encore trouvé le collant parfait, mais certaines marques s’en sortent mieux que d’autres. Voici les notes attribuées aux grandes marques vendues en France.

Le classement des grandes marques les plus durables

Les bons élèves :
Wolford s’illustre le plus dans la durabilité. Bleuforêt est bien noté. Swedish Stockings, Berthe aux grands pieds semblent aussi être de bonnes marques.

Peut mieux faire :
Le Bourget, Dim, Gerbe et Calzedonia.

A fuir :
H&M, Well, Golden Lady, les marques de grandes distributions (Monoprix, Auchan….)

Faut-il se ruiner pour porter des collants durables ?

Un collant cher au moment de l’achat ne l’est pas sur le long terme. Si l’achat d’un collant plus onéreux mais plus durable coûte le même prix par utilisation qu’un collant bon marché, il représente une économie de temps et de déchets. Nous recommandons donc de se tourner vers les collants reconnus par nos pairs comme les plus durables.

Mais le second constat est bien terne : aucune de ces marques, quel que soit leur positionnement prix, ne dépasse la note de durabilité de 3 sur 5 ! Un réel problème donc : aucune offre des grandes marques ne semble correspondre aux attentes des consommateurs en matière de durabilité. C’est pourquoi nous appelons les marques à s’emparer réellement de cet enjeu essentiel pour les client(e)s et pour l’environnement.

Les solutions alternatives

104 millions de collants sont jetés chaque année. Ce sont autant de déchets non recyclables :La durée de vie et le recyclage des collants représentent donc aujourd’hui une question environnementale majeure.

Que faire de nos collants filés ?

Grâce à des démarches d’upcycling ou de Do It Yourself, on peut trouver de nouvelles fonctions à ces paires de collants.

Éponges maison

Connaissez-vous les « tawashi » ? Inusables et hygiéniques, ces éponges réalisables en quelques minutes peuvent donner une seconde vie à vos collants.

Accessoires et outils ménagers :

  • Accessoire à cheveux : élastique, bandeau
  • Accessoire pour enlever les poils d’animaux sur vos vêtements
  • Sac à fruits ou légumes
  • Accessoire de jardinage : attache, élastique à légumes
  • Chiffons
  • Rembourrage pour les coussins
  • Moule pour fabriquer du savon

Jeter les collants usés… au bon endroit :
Retrouver tous les points de collecte sur  www.lafibredutri.fr/je-depose. Un collant collecté sera certes incinéré, mais fera au moins l’objet d’une valorisation en énergie et en chaleur, plutôt que d’être enfoui en décharge (et mettre de très nombreuses années à se décomposer).

Signez l’appel de HOP pour des collants durables !

Les collants cristallisent une frustration légitime, tant leur durée de vie est courte. Au-delà du ras-le-bol bien compréhensible des consommateurs, l’enjeu écologique nous pousse à réclamer le changement. Les principales demandes de HOP pour améliorer la durabilité des collants sont les suivantes :

  1. Nous voulons que les marques et distributeurs mettent à la disposition des consommateurs un modèle en exposition pour chaque type de collant, permettant aux consommateurs de toucher le tissu, de juger sur place de leur robustesse et de leurs finitions avant de les acheter,
  2. Nous demandons de réelles garanties de durabilité des collants,
  3. Nous demandons un effort sur le recyclage des collants (aujourd’hui incinérés…) et appelons les marques volontaires et les porteurs de projets de collants durables à se rapprocher de HOP pour avancer.

Chacun doit prendre ses responsabilités. Les fabricants et vendeurs ont un rôle décisif à jouer. Pour les en convaincre, les consommateurs peuvent contraindre les marques de collants à s’engager dans un fonctionnement vertueux. À nous consommateurs de boycotter et ringardiser celles qui ne le feraient pas. Nous en avons le pouvoir !

Aidez-nous à garder notre
indépendance !