Dans le prochain Envoyé Spécial du jeudi 29 mars à 20h55 sur France 2, présenté par Elise Lucet, sera diffusé le magazine “Imprimantes : le coût de la panne”, auquel l’association Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP) a collaboré pendant plusieurs mois.
Ce reportage présente notamment les dessous de l’enquête préliminaire visant Epson pour obsolescence programmée et tromperie ouverte par le Procureur de la République fin décembre, suite au dépôt d’une plainte par HOP en septembre 2017, une première en France. Epson est accusé de raccourcir délibérément la durée de vie de ses cartouches d’encre et imprimantes. Plusieurs techniques sont dénoncées dans le rapport de l’association « Imprimantes : cas d’école d’obsolescence programmée ? » (septembre 2017) et par les témoignages d’utilisateurs : des cartouches affichées vides alors qu’elles contiennent encore de 20 à 40 % d’encre, refus d’impression en noir quand une cartouche couleur est vide, des tampons absorbeurs d’encre faussement indiqués en fin de vie.
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), responsable de l’enquête, a récemment auditionné l’association HOP, qui a constaté l’implication et la maîtrise du sujet des agents, ce qui renforce sa confiance dans la qualité de l’enquête.
HOP a pris connaissance de la réaction d’Epson dans Le Monde du 26 mars. L’entreprise évoque des raisons de sécurité. Si un minimum d’encre résiduelle est nécessaire pour préserver la tête d’impression, l’association considère que cet argument ne justifie pas un gâchis disproportionné de 20 à 40 % du contenu des cartouches. Thierry Bagnaschino, directeur Marketing d’Epson France, le reconnaît : “Notre intérêt est que […] les clients consomment le plus de cartouches possible.” Alors que le prix du litre d’encre, en augmentation constante, dépasse les 2 000 euros, soit plus que la plupart des parfums de luxe, nous comprenons la colère des clients.
Concernant le blocage des tampons absorbeurs, bien qu’Epson indique que le changement est gratuit, après vérification il est démontré que les tampons sont très difficiles à réparer, et que ce remplacement gratuit, à supposer qu’il soit réellement mis en œuvre, est quasiment méconnu du grand public et pire même des professionnels.
Pour Laetitia Vasseur, Co-fondatrice et Déléguée générale : « les arguments d’Epson ne sont pas convaincants. Nous attendons des avancées concrètes pour éco-concevoir des imprimantes durables et réparables et un geste envers les clients lésés. Les imprimantes sont symptomatiques d’un modèle du tout jetable insoutenable pour les citoyens comme pour la planète. Nous plaidons pour de nombreuses propositions auprès du Gouvernement dans le cadre de la feuille de route économie circulaire ».
L’association HOP avait également porté plainte contre Apple pour obsolescence programmée, et recueille les témoignages des utilisateurs d’iPhone qui ont constaté des ralentissements, afin de collaborer à l’enquête de la DGCCRF en cours. L’association s’intéresse désormais également au cas des collants et invite les utilisateurs à renseigner le sondage en vue de la publication d’un rapport.