240 millions d’ordinateurs dépendants de Windows 10 mis au rebut ! C’est ce que pourrait produire la fin de cette mise à jour de ce système d’exploitation, communément appelé Operating System (OS). Pour rappel : tous les appareils numériques fonctionnent sur la base d’un OS, nécessaire à l’activation de leurs composants et logiciels. Windows est le premier système d’exploitation dans le monde et en France, représentant plus de 68 % du marché mondial en février 2024, sur les ordinateurs, tablettes et consoles. Il existe plusieurs générations de cet OS. Windows 10 est installé sur les terminaux vendus depuis 2015, et représente plus de 60 % des versions de Windows installées en France et dans le monde. Windows 11, version proposée depuis octobre 2021, ne représente aujourd’hui que 36,7 % des versions de Windows installées.
Dans ses communications qui indiquent la fin du support, Windows incite clairement à l’achat de sa nouvelle gamme d’ordinateur sous Windows 11, les Copilot+, en jouant sur des arguments de nouveauté, de désirabilité et de sécurité :
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Le cas Windows 11 : de l’obsolescence logicielle ?
Les utilisateur·ices se voient donc poussé·es à renouveler leurs appareils qui fonctionnent encore, par un procédé bien connu de HOP : l’obsolescence logicielle. Non sans impact sur le portemonnaie des utilisateur·ices et pour l’environnement.
La fabrication des équipements représentant 78 % de l’impact carbone du numérique. Microsoft poussant au renouvellement des appareils via la fin de Windows 10, l’obsolescence qui s’annonce aura des impacts environnementaux dramatiques. Selon Canalys, la fin de ces mises à jour pourrait provoquer l’émission de 37 millions de tonnes équivalent CO2. Cela correspond à 6,5 % des émissions de gaz à effet de serre annuelles de la France. Une pratique à contre-courant au vu de l’urgence climatique.
Comment passer à Windows 11 sans changer d’appareil ?
Une mise à niveau n’est pas une simple mise à jour, et Microsoft exige que l’appareil remplisse plusieurs conditions. En l’occurrence, pour Windows 11, l’appareil doit disposer d’une puissance suffisante de processeur, de la fonctionnalité “Démarrage sécurisé”. Il doit également être muni du module TPM 2.0 (Trusted Platform Module) qui offre — selon la multinationale — une meilleure sécurité des données. La puce TPM, généralement intégrée à la carte mère, sera difficile, onéreuse, voire impossible à installer sur un appareil qui n’en dispose pas à l’origine.
Comment savoir si mon PC est éligible à Windows 11 ?
Pour savoir si votre PC est éligible à Windows 11, vous pouvez dès maintenant vous rendre dans les paramètres de votre PC puis dans “Windows update” :
- Si votre PC vous propose de télécharger et d’installer Windows 11 : a priori, votre ordinateur dispose des fonctionnalités requises par Windows pour faire cette mise à jour.
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- Si votre PC vous propose de vérifier la configuration matérielle requise :
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Le bouton “vérification de la configuration matérielle” vous renverra sur cette page, où sont détaillées les conditions techniques que doit remplir votre ordinateur pour être compatible. Après vous avoir rappelé encore une fois que “si votre appareil ne répond pas à cette configuration, vous […] devriez peut-être envisager d’acheter un nouveau PC”, cette page vous invite à télécharger l’application “Contrôle d’intégrité du PC”.
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Cette application très simple vous indiquera si votre ordinateur remplit les conditions nécessaires. À noter qu’en cas d’incompatibilité, Microsoft renvoie à nouveau les utilisateur·ices vers les nouveaux modèles d’ordinateurs, pour la troisième fois consécutive de votre parcours de vérification de compatibilité :
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Et si le passage à Windows 11 est impossible pour vos appareils ?
Quatre options se présenteront aux utilisateur·ices d’appareils ne remplissant pas les conditions nécessaires au bon fonctionnement de Windows 11 :
• Risquer d’importants dysfonctionnements en installant Windows 11 sur un appareil non adapté.
C’est ce qu’annonce Microsoft, qui joue sur la peur des consommateur·ices pour s’assurer que les exigences ne soient pas contournées. Ainsi, l’antivirus Windows Defender détecte par exemple Flyby11, solution d’installation de Windows 11, comme un logiciel potentiellement malveillant, ce qui n’empêche pas de l’installer, mais peut rebuter un·e utilisateur·ice novice. Microsoft se décharge d’ailleurs de toute responsabilité en cas d’installation de Windows 11 sur un appareil non adapté, et a supprimé de son site les informations permettant d’effectuer une installation de ce genre.
• Payer un abonnement pour des mises à jour de sécurité pendant 3 ans.
Microsoft propose une “option de dernier recours” temporaire : un “Extended Support Update” (ESU), c’est-à-dire des mises à jour de sécurité payantes de Windows 10, à partir d’octobre 2025 et jusqu’en 2028. Le but affiché est de faire migrer les utilisateur·ices “vers une plateforme plus récente et prise en charge”.
Le prix de cette solution est annoncé seulement pour la première année des mises à jour, et pourra être réévalué à la hausse au fil du temps. Il s’élève pour la première année à 61 dollars pour les entreprises et 30 dollars pour les particuliers par poste.
• S’exposer aux piratages en utilisant Windows 10 en l’absence de mises à jour de sécurité.
En effet, sans mise à jour de sécurité, le risque d’infection de l’appareil par un virus ou un cheval de Troie est plus important. Cela peut ralentir l’appareil, voir le rendre inutilisable. Un bon antivirus pourra permettre de diminuer ce risque. Au-delà des éventuels piratages, il est probable que l’installation des mises à jour des dernières versions de certains logiciels phares (Pack Office, Chrome, etc.) soit incompatible avec Windows 10.
• Installer un système d’exploitation libre de droit, du type Linux, comme le propose la Free Software Foundation.
L’installation de Linux est gratuite. Elle nécessite de passer par quelques étapes : une sauvegarde préalable des données de l’ordinateur, télécharger Ubuntu, le mettre sur une clé USB, puis lancer l’installation via une ligne de commande. Pour faciliter l’installation et l’utilisation, certaines associations proposent des “Linux Party” pour accompagner le passage à cet OS.
Par ailleurs, si Linux garantit une bonne utilisation de l’ordinateur et permet d’en rallonger la durée de vie, l’utilisation d’un certain nombre de logiciels sera limitée : Word, Excel, PowerPoint, Outlook, Photoshop, etc.
Plus de détails sur comment changer son système d’exploitation.
Comment vous défendre davantage ?
Aucune de ces options n’est totalement satisfaisante. Elles peuvent supposer respectivement un risque, un coût économique ou une charge d’information pour le ou la consommateur·ice. Ainsi, avec cet arrêt brutal des mises à jour, Microsoft prend les millions d’utilisateur·ices de Windows 10 au dépourvu, et leur présente le rachat d’un nouvel appareil comme l’option la plus viable. Ce qui alimente l’obsolescence accélérée des appareils, dont l’impact environnemental et le coût économique ne sont pas négligeables.
Chez HOP, nous ne nous contentons pas de dénoncer l’obsolescence programmée : nous obtenons des victoires et faisons bouger les lignes. Aujourd’hui, nous avons besoin de vous pour obtenir l’agrément “Association de protection des consommateurs”, qui nous permettra de vous défendre davantage.
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