Du 14 au 17 juin, Vivatech, le plus gros salon tech d’Europe, prend ses quartiers à Paris pour sa 7e édition. Pendant 4 jours, l’innovation technologique sera à l’honneur avec 2400 start-ups représentées et plus de 300 intervenants. À cette occasion, HOP appelle les fabricants de smartphones (et plus encore) à se mobiliser pour mettre l’innovation au service de la durabilité et de la réparabilité de leurs appareils, un impératif social et environnemental.
Smartphones : des appareils numériques aux impacts bien réels
En moyenne, nous utilisons nos smartphones entre 2 et 3 ans. Difficultés à réparer, brièveté du support logiciel, sommes astronomiques investies par les marques dans la publicité… Nombreuses sont les raisons qui nous poussent à renouveler notre téléphone bien avant l’âge de raison. Il s’agit pourtant d’un non-sens écologique. Ainsi, pour fabriquer un seul smartphone, il faut mobiliser 200 kg de matières premières. Jusqu’à 50 métaux différents sont nécessaires, dont des métaux précieux et des terres rares. Et près de ¾ de l’impact environnemental du smartphone est dû à sa fabrication.
Le caractère éphémère des smartphones impacte aussi le pouvoir d’achat des consommateurs. Selon l’Ademe, faire durer 2 ans de plus son smartphone permet d’économiser près de 200€ en moyenne. Des économies bienvenues en ces temps d’inflation galopante.
Mais n’oublions pas l’impact social. Conditions de travail dans les mines, catastrophes environnementales, travail des enfants… Trésor de technologie, le smartphone peut aussi être la source d’atteintes à la santé des populations et de violations des droits humains.
Les fabricants ont donc une responsabilité à assumer dès la conception de leurs smartphones et jusqu’aux déchets issus des vieux appareils et de leurs nombreux accessoires.
Pourtant, chez bien des géants de la téléphonie, la réparabilité et donc la durabilité de leurs appareils ne semblent pas une priorité. C’est ce qui a par exemple entraîné l’ouverture d’une enquête suite à la plainte de HOP visant des pratiques de sérialisation chez Apple. Les Android ne sont pas en reste, puisque le manque de réparabilité touche de nombreux modèles de smartphones, comme chez Huawei ou Google.
La durabilité comme horizon
L’innovation technologique a du bon. Dans certains domaines comme le secteur médical, elle est même cruciale pour sauver des vies (avec l’enjeu encore plus déterminant de l’obsolescence technique et logicielle pour ce matériel qui peut décider de la vie ou de la mort du patient, rendu ainsi dépendant du fabricant). Seulement, aura-t-on assez de métaux rares pour les appareils des médecins de demain si on gaspille les ressources de la planète pour fabriquer toujours plus de smartphones non durables ? Dans une planète aux ressources finies et où le réemploi et reconditionnement prioritaires des déchets électroniques, ainsi que leur recyclage, connaissent de sérieuses limites, comment orienter nos efforts ?
Si nous ne voulons pas que l’empreinte carbone du numérique triple d’ici 2050, le meilleur levier reste encore de réduire le nombre d’appareils numériques. Pour cela, une seule solution : allonger leur durée de vie. Et les fabricants de smartphones ont un rôle-clé à jouer pour atteindre cet objectif.
Un appel aux fabricants d’appareils et services électroniques
Bonne nouvelle : certains pionniers ont montré qu’il est possible de fabriquer des smartphones conçus pour durer tout en ayant un modèle économique tout aussi durable.
Des entreprises le prouvent tous les jours comme Fairphone par exemple. Dotés d’un indice de réparabilité de 9,3/10, ses smartphones se veulent également durables, éthiques et modulaires. Il est possible de changer facilement certaines pièces de son téléphone, par exemple pour installer un appareil photo plus performant, ce qui permet d’éviter l’achat d’un nouveau. L’entreprise s’engage également pour des mises à jour du système d’exploitation d’au moins 5 ans. Parmi les bons élèves, on compte aussi Crosscall qui table sur des téléphones résistants garantis 5 ans et qui prévoit de relocaliser sa production en France d’ici 2025.
Si on élargit le cercle à tout l’écosystème de la téléphonie, nombreuses sont les entreprises à nous montrer au quotidien qu’allier plus de durabilité et bonne santé économique est possible. C’est le cas de Backmarket, start-up spécialisée dans le reconditionné, qui a levé 450 millions d’euros début 2022, mais aussi celui de Commown qui loue des appareils, de Telecoop qui propose des forfaits téléphoniques sobres, ou encore d’iFixit qui milite pour l’auto-réparation, sans oublier les milliers de réparateurs de smartphones.
Si ces entreprises ont réussi à innover en faveur de la durabilité sur un marché aussi concurrentiel, rien n’empêche les autres de se lancer dans l’aventure.
Bien sûr, l’innovation durable et réparable doit s’étendre à tous les équipements numériques, aux ordinateurs, tablettes, mais aussi aux casques de réalité augmentée et autres objets connectés dont on parle tant dernièrement. Elle doit même aller au-delà et toucher l’électroménager, l’automobile ou encore le textile. C’est à cette condition que nous réussirons à relever les défis de la transition écologique et atteindre une société du tout-durable.
Fabricants, le challenge si vous l’acceptez : concevoir des appareils innovants, durables, hautement réparables et garantis zéro greenwashing. Si d’autres sont volontaires, pourquoi pas vous ?
Le 27 juin, venez parler de l’affaire Apple avec HOP
Le mardi 27 juin, HOP organise l’Apér’HOP #2 “Comment une asso peut-elle triompher d’une multinationale ?” chez Novaxia (Paris 15) pour discuter avec l’UFC-Que Choisir et Zero Waste France du levier d’action que représentent les affaires juridiques pour les associations et des solutions à la portée des consommateurs pour faire respecter leurs droits. Cet événement sera l’occasion de revenir sur l’affaire Apple, mais aussi de partager un verre avec les intervenants, les bénévoles et les salariés de HOP pour prolonger la discussion. L’inscription est gratuite, mais recommandée.