L’obsolescence programmée, un enjeu énergétique

La transition énergétique est dans toutes les bouches. En 2015, la loi relative à la « transition énergétique pour la croissance verte » a donné à cet objectif de nouveaux moyens pour rééquilibrer le mix énergétique français et avancer vers la sobriété énergétique. Elle a même permis de créer un délit d’obsolescence programmée dans le droit français. Malgré cette incursion, l’essentiel des échanges porte autour de la production d’énergies renouvelables et de l’isolation des bâtiments. Avec cette focalisation, n’oublie-t-on pas un pan important de la révolution nécessaire ?

L’industrie et les transports en cause

Répétée à l’envi, la maxime « la meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas » invite à considérer l’ensemble des facteurs de consommation finale d’énergie. Responsable de 20% des consommations énergétiques, l’industrie française est la première visée par l’obsolescence programmée. Les biens « prêt à jeter » occasionnent des consommations énergétiques considérables, car pour la majorité des biens, c’est lors de la phase de fabrication que l’essentiel de l’énergie est consommé. Dès lors, il s’agit bien de réduire le nombre de biens produits, en augmentant leur durée de vie. Changer le mode de production dominant, fondé sur la production de masse, peut donc constituer une priorité de la transition énergétique.

Avec près du tiers de la consommation finale, le secteur des transports n’est pas en reste. Il est en partie constitué de transports de marchandises et de déchets : là encore, la lutte contre l’obsolescence programmée constitue une clé pour réduire les flux routiers en France.

Un appel à creuser le sujet

Les consommations énergétiques liées au traitement des déchets et au bâtiment, qu’on n’envisage que trop rarement sur le très long terme, complètent la contribution noire de l’obsolescence programmée à la transition énergétique. Si bien qu’il est possible de se demander : est-il bien raisonnable d’afficher de forts objectifs énergétiques, sans s’attaquer frontalement aux modes de production et de consommation ?

Au-delà de cette interpellation, HOP lance un appel pour que se développent les études sur le sujet. La quantification précise des flux d’énergie grise et liés aux transports permettrait de structurer une démarche et de mobiliser des parties prenantes qui, sinon, tendent à regarder ailleurs.

Samuel Sauvage

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