L’obsolescence logicielle inclut plusieurs techniques : la limitation de la durée de support technique par rapport à la durée d’utilisation réelle ; l’incompatibilité de format entre ancienne et nouvelle version du logiciel ; les mises à jour obligatoires créant des dysfonctionnements ou bien pesant trop lourd sur l’appareil, causant des dysfonctionnements et incitant à racheter un produit.
L’obsolescence logicielle monte en puissance avec la multiplication des objets connectés.
Ce type d’obsolescence est un des freins majeurs au développement d’une économie circulaire, soutenable et juste. L’obsolescence logicielle a pour conséquence d’inciter les consommateur·rices à renouveler de manière prématurée leurs terminaux. Elle participe, entre autres, à l’augmentation de l’empreinte environnementale du numérique qui pourrait tripler d’ici à 2050. L’évolution technologique s’accélère et les logiciels d’aujourd’hui ne sont plus compatibles avec les objets achetés il y a 10 ans. Allonger la durée de vie des logiciels, c’est aussi allonger la durée de vie de nos objets.
Comment la détecter et quelques exemples
L’obsolescence logicielle est multiforme. À mesure que les consommateur·rices s’équipent de smartphones, ordinateurs, tablettes et autres objets connectés, l’obsolescence se fait plus pernicieuse : problèmes de mises à jour, incompatibilité des systèmes d’exploitation, sérialisation, performances amoindries après une mise à jour, code source indisponible…
En 2020, HOP a obtenu une décision historique contre Apple qui a utilisé les mises à jour logicielles pour inciter les consommateur·rices à renouveler leurs smartphones. Après une plainte de l’association pour obsolescence programmée, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a mené une enquête approfondie et a conclu à un défaut d’information des consommateurs qui constituait une pratique commerciale trompeuse par omission. L’entreprise a dû payer 25 millions d’euros d’amende.
HOP dénonçait les ralentissements des iPhones 6, 6S, SE et 7 causés par les mises à jour du système d’exploitation, conduisant de nombreux utilisateurs à remplacer leur appareil, occasionnant ainsi un impact environnemental lourd.
L’obsolescence logicielle peut aussi se retrouver en combinaison avec l’obsolescence technique : c’est le cas de la sérialisation. Cette pratique rend le remplacement des pièces plus difficile, nécessitant souvent un logiciel spécifique détenu par le fabricant ou des réparateurs agréés, excluant parfois les pièces génériques. Cela freine la réparation et le reconditionnement. En décembre 2022, HOP a d’ailleurs déposé plainte contre Apple à ce sujet.
Comment agir pour mieux consommer ?
Face à ce phénomène de raccourcissement intentionnel de la durée de vie des logiciels, des solutions existent.
- Valoriser les logiciels économes
Un étiquetage de l’efficience des logiciels, similaire à celui des appareils électroménagers, inciterait les éditeurs à optimiser leurs logiciels.
- Être attentif à l’indice de durabilité
Cet indice, qui sera appliqué aux téléviseurs et lave-linge en 2025, évalue la durabilité des produits, incluant la durée de disponibilité du support logiciel.
- Ouvrir le code source
L’ouverture du code source permet à d’autres parties prenantes de mettre à disposition le logiciel, prolongeant sa durée de vie.
- Standardiser les formats
La standardisation des formats informatiques (fichiers, données, interfaces de programmation) rend les anciennes et nouvelles versions des logiciels compatibles, facilitant leur usage à long terme.
