Pour un indice de durabilité ambitieux : faites entendre votre voix !

L’indice de durabilité entrera en vigueur en 2024. Avant sa mise en place, une consultation publique a été lancée le 4 septembre 2023. Nous vous proposons de faire entendre votre voix en tant que consommateur·rices et de participer à cette consultation. Nous résumons nos 5 principales demandes pour mieux vous protéger.

Le 18 juillet, l’association HOP / Halte à l’Obsolescence Programmée a dévoilé son Livre Blanc pour un indice de durabilité fiable et ambitieux. Prévu pour 2024, cet indice prendra la forme d’une note sur 10 pour conseiller les consommateur·trices lors de l’achat et inciter les fabricant·es à concevoir des produits plus durables. Il concernera dans un premier temps les smartphones, lave-linges et téléviseurs avant d’être étendu à de nouveaux appareils.
Le calcul de l’indice est un savant mélange qui prend en compte 2 à 3 grands critères (la fiabilité, la réparabilité et l’amélioration pour les produits électroniques) et différents sous-critères plus précis. Pour faire simple, ces sous-critères correspondent la plupart du temps à des tests ou des engagements que le·la fabricant·e doit réaliser sur son produit pour établir une moyenne générale entre la note obtenue quant à la réparabilité du produit, celle de sa fiabilité et celle relative à son amélioration continue.

Pour être efficace, il est essentiel que la voix des consommateur·trices, premier·ères concerné·es, soit pleinement prise en compte lors de cette consultation. Pour cela, vous trouverez dans cet article 5 recommandations que nous considérons essentielles pour vous aider à améliorer le projet d’indice du gouvernement et obtenir un indicateur vraiment ambitieux !

Demande N°1 : Rendre l’indice de durabilité transparent et sincère 

Pour être efficace, l’indice de durabilité doit être le plus transparent possible. Après de nombreuses demandes de la part de HOP, les pouvoirs publics ont décidé de rendre obligatoire la publication des grilles détaillées par les fabricant·es sur une plateforme dédiée (data.gouv). Il est essentiel de maintenir cette obligation dans les textes finaux pour permettre aux consommateur·trices d’avoir accès aux détails de la note et choisir le produit qui répondra au mieux à leurs besoins. De plus, comment vérifier les engagements des fabricant·es si nous n’y avons pas accès ?

Pour aller plus loin : en plus de la synthèse des notes en rayon qui permet une bonne appréciation générale des 3 critères principaux, nous demandons à ce que soit rendu possible l’accès au détail des grilles en rayon pour les consommateur·trices qui le demanderaient. 

En plus d’être transparent, l’indice de durabilité devra être compréhensible. Les couleurs associées aux notes de l’indice sont un indicateur important pour le·la consommateur·trice lorsqu’il choisira son appareil. L’indice doit représenter de manière sincère la durabilité du produit, et les couleurs peuvent vite induire en erreur. La proposition du Ministère, reprise ci-dessous dans le tableau, ne permet pas de faire une vraie différence entre un 7,5/10 et un 9/10.

Nous demandons à ce que la graduation des couleurs soit assez sévère pour guider au mieux les consommateur·trices et que la couleur verte ne soit attribuée qu’à partir de 8/10.

Demande N°2 : Donner la priorité à l’allongement de la durée de vie des produits

Dans cette note finale, HOP milite pour une meilleure représentation du volet fiabilité par rapport au volet réparabilité. Selon une étude, la réparabilité s’avère moins importante pour les consommateur·trices que la durabilité dans le choix de leurs produits. Et pour cause, on préfère un produit qui ne tombe pas en panne précocement quand on investit dans un objet ! Il apparaît donc comme nécessaire de valoriser dans les notes les fabricant·es qui proposeront des équipements robustes. C’est aussi une excellente manière de pousser les fabricant·es à concevoir des produits plus durables.

Nous demandons à ce que la fiabilité ait plus de poids que la réparabilité dans la note finale.

Demande N°3 : Sanctionner l’obsolescence logicielle

Incompatibilité logicielle, système d’exploitation devenu obsolète, mise à jour trop gourmande… Au fil des années, l’obsolescence logicielle est devenue un facteur important de remplacement des appareils. HOP a déposé plusieurs plaintes à ce sujet ! L’association a obtenu la prise en compte de deux choses dans la note finale : le nombre d’années de la mise à disposition des mises à jour du système d’exploitation et la séparation entre les logiciels indispensables et superflus.

HOP demande aussi à ce que soit pris en compte dans la note un critère sur l’impact potentiellement négatif de certaines mises à jour sur certains appareils une fois installées et savoir si le·la fabricant·e s’engage à réparer l’appareil si c’est le cas.

Demande N°4 : Lutter contre l’obsolescence marketing

Dans son baromètre du numérique 2021, l’ARCEP estime que 25 % des achats de nouveaux smartphones relèvent de ce phénomène. Même si c’est un phénomène complexe

à mesurer (lié à la publicité, la mode, le marketing, le design…), il est important d’introduire un critère relatif à l’obsolescence marketing dans l’indice durabilité. Mesurer la plus ou moins grande durabilité potentielle d’un appareil n’a aucun sens si en parallèle le producteur de cet appareil incite le·la consommateur·trices à le remplacer rapidement.

HOP a demandé à plusieurs reprises de mesurer dans l’indice l’effort marketing investi par le·a fabricant·e et surtout le délai entre la sortie d’un nouveau modèle et le précédent (dans la même gamme ou série). Malheureusement, devant l’opposition farouche des industriels, notre proposition de n’a pas été retenue pour le moment.

Demande N°5 : Ne pas oublier les imprimantes

Après les smartphones, téléviseurs et lave-linges, il est prévu que l’indice de durabilité se déploie pour d’autres produits (aspirateurs, tondeuse à gazon électriques, lave-vaisselles, nettoyeur haute pression, …).

Mais où sont passées les imprimantes ? Malgré les demandes répétées de HOP, les imprimantes ne sont pas (encore) concernées par l’indice de durabilité. Un oubli qui n’est pas sans conséquences car les cas suspects concernant les imprimantes s’accumulent. En parallèle, notre plainte contre Epson prend la poussière. Les imprimantes sont d’ailleurs dans le viseur de la Commission européenne.

Et vous, qu’en pensez-vous ? La consultation publique est ouverte pour prendre en compte l’avis des citoyennes et citoyens sur l’indice de durabilité et sa méthode de calcul. C’est l’occasion pour vous de faire entendre votre voix et de défendre un indice fiable, à la hauteur de ses ambitions !

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