Aujourd’hui, 86 % des consommateurs pensent que les appareils électriques et électroniques sont volontairement conçus pour ne pas durer. Ce chiffre alarmant reflète le ras-le-bol des consommateurs et des citoyens qui ont perdu confiance dans les produits qu’ils acquièrent.
L’obsolescence programmée est l’outil à la base du modèle économique de notre société, reposant sur la surproduction et la surconsommation. Ce modèle suit une logique très simple : pousser à acheter neuf pour stimuler les ventes. Globalement, il s’agit de mettre sur le marché des produits à la durée de vie raccourcie prématurément et/ou compliquer leur réparation, et ceci sans parler de la pression psychologique générée pour pousser le consommateur à changer de produits et manipulée par la publicité et le marketing à outrance.
Les premières conséquences que nous pouvons tirer de ce modèle sont d’ordre économique et sociale. Pousser les consommateurs à renouveler prématurément leurs biens pénalise fortement leur pouvoir d’achat, tout en entretenant un sentiment de frustration et d’aliénation vis-à-vis de leurs biens matériels. Nous sommes les otages de nos produits et de leurs pannes intempestives. Les barrières posées à leur réparation nous privent de notre autonomie.
Par ailleurs, la course à la baisse des coûts de production pousse à la réduction du niveau de vie et à la délocalisation des usines de production, impactant directement le marché de l’emploi. Les stratégies marketing de plus en plus agressives érodent notre libre arbitre et notre sentiment de satisfaction.
Une exploitation et une extraction alarmante des ressources naturelles
En plus de ces considérations économiques et de la fragilisation du rapport de confiance entre producteur et consommateur, l’obsolescence programmée est également un problème de justice sociale. En effet, les catégories sociales les moins favorisées y sont les plus exposées, les biens les moins chers étant souvent (bien que pas toujours) les moins durables.
Outre le fait de déposséder les individus de leurs droits à un usage durable des biens, ce système insoutenable s’appuie sur une exploitation et une extraction alarmante des ressources naturelles et des matières premières. Pour donner un ordre de grandeur des ressources utilisées, 70 kilos grammes de matière sont nécessaires à la fabrication d’un smartphone de 70 grammes. Quand on sait qu’en moyenne les Français changent de smartphone tous les 18 mois, le problème saute rapidement aux yeux.
Les pollutions générées par la surproduction empoisonnent les sols pour des centaines d’années, vident des régions entières de leur biodiversité et participent à l’exploitation inhumaine de centaines de milliers d’individus, exploités pour leur force de travail ou pour l’accès à leurs terres.
En plus de participer à l’épuisement des ressources naturelles, la fin de vie prématurée des produits accroît la masse des déchets générés. Décharges à ciel ouvert, infiltration de métaux lourds et toxiques dans les sols, pollution plastique, intoxication des écosystèmes, sans parler de l’énergie consommée pour produire et transporter ces biens. Les quantités astronomiques de produits rapidement jetés après usage s’amoncellent et représentent aujourd’hui un enjeu environnemental majeur.