HOP a profité de cette seconde édition des Journées Nationales de la Réparation pour relancer son comité des expert·es. Après avoir invité quatre chercheur·euses en sciences sociales à présenter leurs travaux dans le grand amphithéâtre du Musée des Arts et Métiers, la première session plénière du comité s’est tenue ce vendredi 18 octobre. 

Le comité d’expert·es de HOP regroupe aujourd’hui 25 chercheur·euses et expert·es. Il est coanimé par Flavie Vonderscher et Rémi Reboux, respectivement chargé·es de plaidoyer et de mobilisation chez HOP, et deux chercheur·euses bénévoles, Helen Micheaux et Rémi Beulque, enseignant·es-chercheur·euses respectivement à AgroParisTech et Toulouse Business School, et tou·tes deux chercheur·euses associé·es au Centre de Gestion Scientifique (CGS) de Mines Paris.

Quels axes de travail pour le comité des expert·es de HOP ?

Le comité centrera ses travaux sur les enjeux d’obsolescence programmée, d’allongement de la durée de vie des produits, et de promotion de modèles plus sobres en utilisation de ressources, comme cela est prévu par les statuts de l’association HOP, du Club de la durabilité, et les priorités des membres de ce dernier. Plus précisément, il s’est fixé les objectifs suivants :

  • Constituer un lieu d’échange sur l’actualité et l’état de la science sur ces sujets ;
  • Intensifier les liens et créer des synergies entre praticien·nes de la durabilité, chercheur·euses et expert·es ;
  • Stimuler la création de connaissances publiques sur le sujet et participer à leur visibilité ;
  • Structurer et lancer des projets de recherche collaboratifs sur ces thématiques ;
  • Mobiliser des financements publics afin d’augmenter la capacité de recherche sur ces sujets.

Au-delà de ses 3 réunions plénières par an, le comité organisera divers évènements (conférences, témoignages d’acteurs, visites, etc.), coordonnera une production variée (articles scientifiques et grand public, ouvrages, études de cas, livrables pour HOP ou le Club de la durabilité, etc.).

Une table-ronde académique à l’occasion des Journées nationales de la réparation

La veille des Journées nationales de la réparation, le comité des expert·es avait invité quatre chercheur·euses en sciences sociales à présenter leurs travaux dans le grand amphithéâtre du Musée des Arts et Métiers, au cours d’une demi-journée d’étude sur les enjeux de réparation organisée par Sébastien Shulz chercheur post-doctorant à l’Université de Technologie de Compiègne.

Tout d’abord, quelle est l’histoire de la réparation ? C’est Guillaume Carnino, maître de conférence en histoire des sciences et des techniques (Université de Technologie de Compiègne) qui a débuté cette journée de travail du comité. En s’appuyant sur de nombreux travaux d’historien·nes, il a montré que la réparation avait historiquement représenté la majorité des activités artisanales, loin devenant la production de biens neufs. Notre rapport moderne aux objets, marqué par le manque de soin, la surproduction ou encore l’obsolescence programmée, est donc en réalité un phénomène plutôt récent. Il oublie l’importance sociale, morale et souvent religieuse qui était attribuée, dans les sociétés préindustrielles, à ce que nous appelons aujourd’hui la durabilité des objets.

Un comité pour créer des points avec le monde académique

Jérôme Denis, professeur de sociologie (Mines Paris), a ensuite offert un panorama historique de l’évolution des recherches du courant dit « maintenance and repair studies ». Si de premiers travaux épars existaient avant, c’est au milieu des années 2000 que ce champ scientifique aurait commencé à se constituer, avant de connaître un engouement renforcé ces dernières années. Quatre grands thèmes seraient notamment mis en avant par les chercheur·euses : le caractère invisibilisé et genré des activités de maintenance et réparation ; le haut niveau d’expertise et de connaissances qu’elles requièrent ; leur intégration dans des formes de consommation engagée ; et leur rôle crucial pour préserver les grandes infrastructures comme les routes. Le chercheur a conclu en soulignant l’importance de passer à une société où l’on prend soin des choses, dans une perspective à la fois sociale, écologique et féministe.

Une analyse du secteur de la réparation automobile a conclu cette journée, avec Emmanuelle Dutertre (ESSCA) et Bernard Jullien (Université de Bordeaux). Ils ont souligné l’importance des savoir-faire des garagistes indépendant·es. Ces dernier·ères ont historiquement su trouver leur place, en parallèle des grands industriels du secteur, se structurer en syndicats défendant leurs intérêts, et s’adapter lorsqu’ils paraissaient menacés par des évolutions du secteur. On pense notamment à la montée en puissance du numérique embarqué ou l’arrivée des véhicules électriques. Emmanuelle Dutertre et Bernard Jullien ont également mis en lumière comment certaines régulations, comme la loi Anti-Gaspillage pour l’Économie Circulaire (Agec), pouvaient mettre sous tension les pratiques actuelles des réparateur·ices indépendant·es. Pour eux, une attention particulière doit être portée à ce que la mise en place d’une filière de Responsabilité Élargie des Producteurs (REP) maintienne les équilibres actuels entre ces petit·es acteur·ices. et les constructeurs.

Ces présentations ont chacune été suivies d’un échange avec la salle, et souligné l’importance de stimuler les travaux de recherche sur ces sujets dans les années à venir. Autant de sujets qui intéressent et motivent HOP pour faire des ponts avec le monde académique.

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