Retour sur l’événement de lancement des Journées nationales de la réparation qui s’est déroulé le jeudi 17 octobre au musée des Arts et Métiers. Il a été introduit par une vidéo de la ministre Agnès Pannier-Runacher, et les tables rondes se sont déroulées grâce à des expert·es de la réparation et de la durabilité.

Encore un succès pour les Journées nationales de la réparation (JNR). Pour cette deuxième édition, les JNR ont eu lieu du 18 au 20 octobre 2024, en écho à l’International Repair Day. “Nous avons voulu faire de cet événement une fête”, a expliqué Maïtena Echeverria de Make.org foundation qui a co-organisé les JNR avec HOP. Au programme, 1104 événements sur tout le territoire, tels que des ateliers de réparation, des moments de partage de savoir-faire, des diagnostics d’appareils en panne, des portes ouvertes…  Autant d’occasions offertes aux citoyen·nes de découvrir le monde de la réparation !

Lancement à Paris dans l’écrin du Musée des Arts et Métiers

Le 17 octobre, c’est dans le cadre prestigieux du Musée des Arts et Métiers que la deuxième édition des Journées Nationales de la Réparation a été lancée. HOP et Make.org foundation ne pouvait pas rêver d’un plus bel endroit. Comme l’a énoncé dans son discours Michelle Antoine, directrice du Musée : “Vous êtes ici chez vous. Dans nos collections, on a des objets qui ont vécu longtemps et qui serve à l’étude de stratégie low tech. L’histoire des techniques s’intéresse de plus en plus à la réparation. Quand on voit des objets anciens, on voit des strates de réparation d’objets qui ont eu plusieurs vies”.

130 acteur·ices clés du secteur, sont venues assister enthousiastes aux débats. La Ministre Agnès Pannier-Runacher a annoncé de bonnes nouvelles pour la réparation dans une vidéo introductive : une attention particulière donnée à la formation et l’arrivée de nouveaux indices de réparabilité et de durabilité. HOP s’en félicite.

Deux tables rondes d’expert·es de la réparation et de la durabilité

Réparation, pouvoir d’achat : même combat ?

Avec Guillaume Balas (Fédération Envie), Helen Micheaux (Agro-Paris Tech), Régis Koenig (Fnac Darty), Séverine Bourlier (Fédération Française de Cordonnerie Multiservice) et Aurore Philippe Delvigne (Ademe)

Ces échanges enrichissants ont permis d’aborder de nombreux thèmes en rapport avec la réparation et le plaidoyer de HOP. Peut-on interdire des objets qui n’atteindraient pas une certaine note à l’indice de durabilité par exemple ? A proposé Helen Micheaux. Séverine Bourlier s’est demandé, tout comme Guillaume Bals, pourquoi le gouvernement ne lance pas de grande campagne de communication sur le bonus réparation ? Pour elle, “La fast fashion a fait drastiquement chuter le nombre de cordonniers. On préfère acheter des chaussures jetables. On commence, avec le bonus, à relancer de la visibilité sur les métiers de la cordonnerie.”

Guillaume Balas, se désole qu’on ait “dénigré pendant des années les métiers manuels » au lieu de faire des réparateur·ices « des héros quotidiens de la transition écologique ». Sur ce sujet, Aurore Philippe Delvigne de l’ADEME a d’ailleurs annoncé une étude sur la formation des réparateur·ices.

La question de l’incitation à réparer plutôt que de racheter des produits peu chers a aussi été abordée par Séverine Bourlier : “Il faut qu’on ait une TVA qui favorise le réparable et qui défavorise le jetable. Et pourquoi pas une taxe complémentaire sur les opérateurs type Shein et Temu”.

Les objets durables peuvent-ils redevenir la norme ?

Avec Lohengrine Schulz (Secrétariat Général à la Transition Écologique), Julia Faure (Loom, Impact France et En mode climat), Gaëlle Le Vu (Orange France), Philippe Moati (Observatoire Société & Consommation) et Cristina Ganapini (Right to Repair)

“Tout est réparable, c’est ce qui est magique dans le textile” a ouvert Julia Faure. Ce qui tue la durabilité du textile, c’est l’obsolescence marketing : ”les vêtements n’ont pas beaucoup évolué depuis 20 ans. Mais si on ne les répare pas, c’est que c’est moins cher d’en racheter. C’est une industrie qui s’est organisée pour qu’on rachète en permanence.” Des constats similaires que ceux dressés par HOP pour d’autres catégories de produits (quand ceux-ci sont rendus réparables par les industriels !).

Sur la durabilité à l’échelle européenne, la France est attendue au tournant pour se positionner fortement. Comme l’a rappelé Cristina Garapini “Quel intérêt d’avoir un indice européen s’il n’y a pas un critère de prix des pièces détachées ?! La France a une voix qui n’est pas assez forte au niveau européen sur ces sujets alors qu’elle est pionnière dans son pays.

Souligné régulièrement par HOP, Lohengrine Schulz a pour sa part décrié elle aussi la gestion des REP par les éco-organismesnécessite des ajustements, notamment le besoin de transférer certains fonds à une structure indépendante. 

L’évènement s’est ensuite poursuivi l’après-midi avec la conférence du comité des expert·es de HOP :  Guillaume Carnino (UTC), Jérôme Denis (École des mines), Emmanuelle Dutertre (ESSCA) et Bernard Julien (Université de Bordeaux), qui ont apporté un éclairage académique et  transdisciplinaire sur les défis et les opportunités liés à la réparation.

Lire le résumé de la conférence du comité des expert·es HOP

Des évènements de lancement partout en France

Mais Paris n’était pas la seule ville à bénéficier de ces discussions sur la réparation, puisque pour cette deuxième édition des Journées nationales de la réparation, des évènements locaux ont pu voir le jour.

Ainsi, des tables rondes sur le sujet “Réparation, pouvoir d’achat = même combat ?” ont été organisées dans les villes de Strasbourg, Rennes et Bordeaux, permettant de discuter des enjeux locaux et de mobiliser les acteur·ices régionaux·ales de la réparation. Dans l’agglomération nantaise, aux Sorrinières, c’est l’entreprise Planet repair, qui a ouvert ses portes à HOP pour un événement de lancement orienté vers les professionnel·les.

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